L'objectif de ces lettres ouvertes est de pouvoir faire comprendre à nos proches (vous qui nous lisez) ce par quoi nous passons lorsque nous vivons un parcours PMA (les épreuves, nos émotions, nos attitudes rationnelles et parfois irrationnelles aussi...).
C'est aussi vous faire passer un message avec toute notre bienveillance pour vous "aider" à savoir comment se comporter avec nous, pour vous "aider" à comprendre comment adapter vos mots face à nous, pour vous "expliquer" comment nous soutenir quand nous en avons besoin.
Ces lettres ont été rédigées par des femmes en parcours PMA dont chaque histoire est unique et révèle des maux qu'elles ont exprimé par leurs propres mots. Toutes ces lettres sont dictées par l'amour. Elles reflètent la réalité de nos vies, soyez indulgents, nous vous livrons une partie de nos âmes dans l'espoir de lever certains tabous et de libérer nos paroles communes.
La PMA à fait naître en moi une autre personne, une personne qui ne pensait pas être aussi forte qu'elle l'est aujourd'hui, et peut-être que quelque part aussi, mon couple s'est découverts de nouveaux angles, de nouveaux horizons.
On m'a souvent demandé où j'en étais dans mon parcours, mais à aucun moment on ma demandé comment je me sentais... dans mon corps, ni même dans mon esprit.
La découverte de l'infertilité est un véritable ras-de-marée pour le couple, et surtout pour la personne en question. L'entourage ne comprend pas toujours le ressenti de cette tristesse, cette injustice.
Je me suis sentie désemparée lors de l'annonce de mon infertilité. Alors ne m'en voulez, moi qui vous ai envié votre grossesse, qui vous ai dit d'arrêter de parler de votre bonheur car fasse à vous, il y avait moi, une femme triste, dont le parcours pour devenir mère allait être un véritable combat.
N'en voulez pas à cette personne, qui après une grossesse extra-utérine n'a pas sauté de joie lors de votre accouchement.
N'en voulez pas à cette personne, qui lorsque vous avez annoncé le sexe de votre enfant n'a pas hurlé de bonheur... elle venait d'apprendre l'arrêt cardiaque de son bébé, celui qu'elle attendait depuis si longtemps.
Et surtout, maman, pardonne moi de ne pas être venue te voir à l'hôpital, le jour de ton anniversaire, certainement le dernier que j'aurai pu faire à tes côtés. Non, je n'étais pas malade, dû à un coup de froid, comme j'ai pu te le dire au téléphone. J'ai vécu une IMG, après 8h de contractions. Notre petit ange est parti dans les toilettes chez papa, c'était la maison la plus proche où j'ai pu me réfugier, mais tu ne pouvais pas le savoir.
Oui, le lendemain je suis venue, comme si de rien, avec mon ventre encore gonflé. J'ai vu dans ton regard, plein d'espoir. J'ai fait comme si de rien, encore, prétendant que je prenais du poids avec la PMA. Et lorsque les contractions sont réapparues, non je ne devais pas aller chercher mon traitement à la pharmacie en prétendant l'avoir oublié... je devais seulement me reposer et retourner au toilettes car je perdais beaucoup de sang.
Maman, toi qui attends depuis si longtemps d'être grand-mère, je t'ai protégé pour ne pas que tu subisses ce traumatisme. Nous devions te l'annoncer le jour de ton anniversaire, mais rien ne s'est déroulé comme prévu.
Un jour, tu sera grand-mère, ne t'inquiètes pas. J'espère que tu seras à mes côtés pour partager notre bonheur. Et si se n'est pas le cas, ne t'inquiètes pas, même du ciel, tu seras une super grand-mère et tu sauras nous protéger.
Tout ça pour dire que ne vous ne devez pas vous fier aux apparences. Le parcours peut paraître plus facile qu'il ne l'est vraiment.
Je tiens à remercier le peu de personnes bienveillantes autour de moi, qui ont eu et ont une oreille attentive et qui n'ont jamais jugé mes pleurs. Vous, qui m'écoutez pendant de longues heures sans me blesser par des paroles maladroites. Vous, avec votre bienveillance, qui vous renseignez pour en apprendre davantage lorsque je vous parle de quelque chose que vous ne connaissez pas et qui vous permet d'éviter de dire des choses sans en connaître le sujet.
À mon entourage... pendant cette période, arrêtez de nous dire que : "nous sommes jeunes, ça va aller", arrêtez de nous comparer à des gens dont nous ne connaissons pas l'existence et dont vous nous relatez fièrement qu'un tel à réussit en arrêtant d'y penser.
L'âge pour procréer ne veut rien dire. Ne plus y penser est impossible dans ce parcours, car oui tout individu en PMA ne pourra que y penser. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle se lève tôt tous les matins pour des contrôles et qu'elle se pique à heure fixe pour les médicaments.
Mon agenda n'est pas rempli de rendez-vous chez le coiffeur ou en salon de beauté. Non, mes rendez-vous à moi, ce sont la PMA, les prises de sangs, les échographies à n'en plus finir et tout un tas examens en tout genre dont vous ne soupçonnez même pas l'existence.
Alors s'il vous plaît, écoutez moi, écoutez ces personnes en PMA et ne comparez pas les couples car chacun à son histoire.
Enfin, je tiens à remercier mon homme, à la patience et à l'optimisme irréprochable même si parfois cet optimisme m'agace. Sans lui, ce parcours ce serait deja arrêté depuis longtemps.
Après cette IMG nous avons changé, nous nous sommes peut-être un peu éloignés pour faire notre deuil chacun à notre manière. Peut-être que pour toi, le silence était plus facile pour oublier cet échec douloureux.
Je m'excuse pour tous ces passages difficiles que nous avons enduré et qui sont encore à venir. Mais, sache une chose, c'est que ce qui n'a pas changé depuis nos débuts, c'est mon amour pour toi. Je t'aime
Ophélie
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